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Vicente Luis Mora

Mitteleuropa. Les carnets secrets de Redo

Rentrée littéraire 2026 : la révélation d'un grand auteur espagnol, Luis Vicente Mora, en librairie le 9 janvier 2026

Mitteleuropa. Les carnets secrets de Redo. Au déclin d’une vie tumultueuse qui l’a amené d’un bordel de Vienne en Prusse, pour entrer en possession d’une terre dans une petite ville sur la rive de l’Oder, Redo Hauptshammer rédige ses mémoires au cœur d’une Europe centrale où se sont sédimentés et s’annoncent d’éternels conflits. En voulant enterrer sa femme dans son champ, il découvre les cadavres congelés de soldats qui font obstacle à ses ambitions de fermier...
Dans le style du XIXe siècle, l’auteur de cette fausse autobiographie, empreinte de réalisme magique, nous transporte dans un monde où l’analyse des rapports sociaux et des conflits armés se mêle au fantastique et au mystère qui entourent l’identité de son personnage principal. Traduit de l’espagnol par François-Michel Durazzo. ISBN 978-2-86231-645-1, 208 p. 21€

Vicente Luis MORA (Córdoba, 1970) a étudié le droit, la philosophie et la littérature. Reconnu en Espagne comme l’un des écrivains les plus brillants de sa génération, il a publié dix essais, huit recueils de poésie, trois recueils d’aphorismes et de fragments littéraires et six romans. Il écrit des critiques culturelles sur son blog Diario de lecturas. Il nous offre, avec Mitteleuropa, Les carnets secrets de Redo (titre original Centroeuropa, publié par Galaxia Gutenberg, lauréat du XIIIe Prix Málaga), son premier roman traduit en français.

« Impeccable, du début à la fin. » Carlos Zanón, Babelia. « Éblouissant. » Rodrigo Blanco Calderón.


Extrait

Extrait 1 : Chapitre I

«  De sexe masculin, prussien, hussard et congelé. Tel fut le premier corps que je découvris en creusant le sol gelé pour y ensevelir mon épouse ; et si j’écris mon épouse, c’est parce que je n’ai jamais su son véritable prénom, j’y reviendrai un peu plus tard.
Celui qui trouve un corps enseveli dans son champ, sur son propre terrain, suppose que ce ne doit pas être le seul. En quelque sorte, celui qui tombe sur un cadavre craint ou s’imagine que d’autres corps se tiennent peut-être là immobiles, qui attendent leur tour. Après le premier mort, on ne regarde plus du tout les terres d’une région de la même façon, elles ne ressemblent plus vraiment à de riants paysages, mais plutôt à des cimetières.  

C’est avec la découverte du corps du premier soldat que l’histoire a commencé, mais on ne comprendra pas bien ce que je désire narrer ici, si je ne reviens pas quelques heures plus tôt à l’entrevue poignante que j’eus avec Altmayer, le bourgmestre. Ou peut-être devrais-je remonter plus loin et remémorer les tristes journées que je vécus à Mayence ? Je prie mon éventuel lecteur de pardonner mes hésitations dans le récit, car ces souvenirs constituent le premier long texte que je me suis proposé d’écrire, et le passé est si large, si long et si profond que choisir l’une de ses parties comme point de départ constitue, d’une certaine manière, une imposture. Rien ne commence jamais à un instant précis. Notre vie ne débute jamais exactement à la naissance. »

 

Extrait 2 : Chapitre V

«    À un moment donné, nous nous trouvâmes nez à nez avec Johanna, la fille rayonnante du baron Geoffmann, entrevue fugacement dans son manoir, qui gravissait la colline que nous descendions, accompagnée de madame Wolff, sa gouvernante. Johanna salua d’une inclination de la tête Jakob, qui lui rendit son salut et, à la surprise générale, presque au moment où nous nous croisions, elle dit :
—   Bonjour, Monsieur Hauptshammer, me lançant de ses yeux verts une estocade qui eût mis fin à la vie de tout être vivant, animal ou végétal, mâle ou femelle, sauf, heureusement, la mienne, encore tout empreinte du souvenir incandescent d’Odra.
Un tel dard eût éveillé mes sens, mais adressé au cœur, il était inoffensif, car mon âme se trouvait ailleurs, comme celle d’un saint Sébastien transpercé de flèches. Jakob, alors que la jeune fille s’éloignait de quelques pas, commenta d’un ton narquois :
—   Mais Redo, ta barbe et ta minceur font plus de ravages que tous les muscles et les visages rasés des garçons de l’ancienne Marche !
—   C’est seulement que je suis nouveau et différent.
—   Eh bien, j’ai peur que désormais tous les hommes de Szonden veuillent changer de peau et venir de l’étranger.
Nous rîmes. Nous parlâmes et nous rîmes. Nous bavardâmes et nous rîmes beaucoup. Ce fut le cas pendant près de trois décennies..   »

 

En savoir plus...

« La seule possibilité pour que Centreuropa (Mitteleuropa) ne soit pas parmi les meilleurs livres de l’année est que ceux qui dressent ces listes, clairement et simplement, n’aient pas lu ce livre fascinant et fou. » Carlos Zañón, Babelia.