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Huynh, Sabine

Elvis à la radio

Lauréate 2023 du Prix Jean-Jacques Rousseau de l'autobiographie. Prix de la littérature de l'exil 2023. Collection À Vif. Sélection de lectures pour l'été 2023 de l'Académie Goncourt 

Aucune histoire n’est simple et sans doute pas celle-ci. Née a Saïgon au Vietnam, la narratrice quitte ce pays en guerre durant sa petite enfance avec sa famille, pour venir vivre en France. Certains d’entre eux, comme elle, ont perdu la mémoire. Les souvenirs d’enfance la fuient, la poussant à plonger dans les eaux glacées de l’oubli, à se perdre dans les méandres qui l’ont construite pour retrouver son histoire à travers la folie et la rage des parents, la faim, l’abandon, la rue, la misère, l’écho des bombes au Vietnam assourdi par les chansons d’Elvis à la radio… 

Sabine Huynh est née en 1972 à Saïgon au Vietnam. Elle a grandi en France et à vécu en Angleterre, aux États-Unis, au Canada et en Israël. Traductrice de poésie, elle a publié entre autres un roman, un recueil de nouvelles et de nombreux recueils de poèmes. Elvis à la radio, ISBN 978-2-86231-453-2, 304 pages, 22 € . 

 

Extrait

« Nous y voilà, sous le soleil d’hiver des histoires avortées, la route est verglacée, luisante au point d’être aveuglante, dangereuse, et nous conduisons notre véhicule d’une main peu assurée, sans savoir où nous allons, les yeux tentant de percer le brouillard pour s’accrocher à des touffes d’herbe, un animal, une butte quelconque, une bande de terre où se reposer, la promesse d’un horizon. Or, il n’y a rien de reconnaissable dans ce paysage oblitéré par la brume condensée par les larmes et que l’on devine désolé, son sous-sol épuisé par des vérités éventées. Il ne nous reste plus qu’à le peupler avec les visions qui nous ont toujours obnubilés, rescapées des accidents de notre vie, que nous appelons aussi «?souvenirs ». Écrire. »

« Il me semble que plus j’écris, plus se dessine avec une netteté accrue ce qui m’avait échappé pendant les moments où je tâchais d’y réfléchir en dehors de l’acte d’écrire : l’image que la société a fabriquée de gens comme mes parents et moi, soit des immigrés asiatiques accommodants, a fini par nous être plaquée dessus et nous être fatale, nous empêchant tout mouvement, tout écart, toute révolte et toute transformation et possibilité de devenir qui nous sommes réellement, ni même de le savoir. Cette image d’Épinal rassurante de l’immigré vietnamien gentil et travailleur qui, par la force de sa volonté et de sa docilité sans faille, parvient à s’intégrer harmonieusement au tissu social du pays qui l’a accueilli, et dont les enfants finissent par réussir leurs études et leur vie en général, s’est révélée être aussi une injonction à la réussite coûte que coûte, au prix de notre équilibre mental et de nos vies : un piège et une prison. »

 

En savoir plus...

Jean-Pierre Han dans "Les Lettres Française" de janvier 2023, sous le titre Le "jardin" des langues, salue Elvis à la radio de la manière suivante :

"Le livre que les Éditions Maurice Nadeau que l'on remercie au passage d'avoir eu l'audace et le courage de le publier dans sa forte singularité -ce qui n'est pas si courant dans le monde de l'édition – a beau préciser en page de garde qu'il s'agit d'un roman, on est bien loin du genre, si tant est que l'on puisse vraiment le définir...

Sabine Huynh fait tout simplement — en toute conscience et tranquillité a-t-on envie d'ajouter - exploser toutes les catégories littéraires existantes. Roman ?Plutôt curieux pour un livre qui prend toutes les apparences d'une biographie, qui se permet dès son entame de proposer deux lignes en lettres capitales afin que le lecteur ne fasse pas fausse route, et afin d'affirmer haut et fort son projet. Le livre regorge, de manière très régulière, de ce type de jeu typographique auquel viennent se mêler des passages en italique, qui rythment ainsi et soulignent ce qui fait l'essence de la vie de la jeune femme qui narre son histoire... A-t-on par ailleurs lu beaucoup de romans se terminant par un glossaire de six pleines pages renvoyant aux ouvrages dont l'autrice s'est inspirée pour écrire son texte (les références sont très précises, tout autant qu'elles sont d'une grande diversité : de George Perec à T.S. Eliot en passant par Brecht, Desnos, Primo Levi, Duras, Patti Smith ou... Mike Brant et bien d'autres encore, tous genres confondus) ?"

À lire dans son entier pour découvrir ceyye analyse en prodondeur  de ce Jean-Pierre Han qualifie de "Formidable travail de re-création et de création tout court après la déchirure : tenter par le biais de l'écriture de reconstituer une vie enfuie à jamais".

Jean Boutonnier dans son blog "Diacritik" consacre un long article à propos d' "Elvis à la radio" de Sabine Huynh. Ainsi débute l'article :

« Ceux qui nous ont côtoyés nous ont aussi traversés » : Sabine Huynh

« Sabine Huynh a écrit un livre magnifique et d’une grande générosité. D’une écriture aussi élégante et douce que rigoureuse et opiniâtre, l’autrice parvient à capturer ce qui, dans une vie humaine, tient de l’indicible. Elle saisit cette part mystérieuse de nous-mêmes qui, malgré les périls d’une biographie, comporte la possibilité d’un choix, d’un acquiescement, d’une création. Elvis à la radioest une expérience de littérature dans sa dimension la plus essentielle : quelque chose comme une façon de bricoler avec l’invivable. »

 Lire l'article : Diacritik

 

Angèle Paoli dans son blog "Terres de femmes" consacre un long article à propos d' "Elvis à la radio" de Sabine Huynh. Ainsi débute l'article :

écrirécrirécrire

Pourquoi écrire? Cette question récurrente se pose à toute femme ou homme de plume à un moment ou un autre de son existence. Elle se pose aussi à Sabine Huynh dont l’œuvre de poète, de traductrice et de romancière est importante et reconnue. Disséminées tout au long des chapitres qui composent le dernier « roman » de la poète, Elvis à la radio, les réponses sont multiples. En voici une première, relevée au hasard en ouvrant le livre. Elle apparaît en italiques, comme toutes les citations qui ponctuent le texte.

« J’écris parce que nous avons vécu ensemble. Et toujours les mots manquent pour le dire, toujours. »
Cette citation, empruntée à Georges Perec, sert d’amorce du chapitre intitulé « Parler ». Il y a du Marie Cardinal - Les mots pour le dire (Grasset 1975) - dans cette assertion tirée de W ou le souvenir d’enfance, paru la même année, en 1975, aux éditions Gallimard.
Reprenant cette phrase préliminaire à son propos, Sabine Huynh la complète en écrivant :

« Le travail d’écriture me permet de cerner ce que j’ai choisi de garder d’eux et qui n’est autre que ce que je suis, au fond. »

Le verbe « choisir » implique un tri. Une méthode. L’exhaustivité étant quasi impensable, il s’agit de privilégier certaines choses au détriment d’autres, passées sous silence. Ce que fera la romancière.

Lire la suite : Terres de Femmes

Dans "la Viduité", Marc Verlynde écrit : 

 Les mots de l'enfance, leurs répétitions et la mémoire, mis à nu par l'écriture, de la souffrance, de la faim, de l'incompréhension ; les identités (fille, mère ; traductrice, étrangère) ainsi révélées. De Saïgon, à la banlieue lyonnaise, de Londres à Tel-Aviv, itinéraire d'une enfant maltraité, de son refuge dans la langue des livres, dans le silence, à sa lente construction dans les oblitérations du langage. Dans une prose qui tend ses interrogations, les mises en question dans une pratique réflexive de l'écriture, Saine Hyunh éclaire ses traumas enfantins, ce qui en revient d'insoutenables maltraitances, les souffrances physiques qui en résultent comme une réalité trop longtemps tue pour n'être pas présenté comme des réminiscences pleines de lacunes, d'inventions. Elvis à la radio  ou l'écriture de l'étrangeté autobiographique, une très belle tentative de compréhension de ce que l'on a été.  Lire la suite : Elvis à la radio

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Aucune histoire n’est simple et sans doute pas celle-ci. Née a Saïgon au Vietnam, la narratrice quitte ce pays en guerre durant sa petite enfance avec sa famille, pour venir vivre en France. Certains d’entre eux, comme elle, ont perdu la mémoire. Les souvenirs d’enfance la fuient, la poussant à plonger dans les eaux glacées de l’oubli, à se perdre dans les méandres qui l’ont construite pour retrouver son histoire à travers la folie et la rage des parents, la faim, l’abandon, la rue, la misère, l’écho des bombes au Vietnam assourdi par les chansons d’Elvis à la radio… 

Sabine Huynh est née en 1972 à Saïgon au Vietnam. Elle a grandi en France et à vécu en Angleterre, aux États-Unis, au Canada et en Israël. Traductrice de poésie, elle a publié entre autres un roman, un recueil de nouvelles et de nombreux recueils de poèmes.