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Ada-Ruata, Renata

Les Choix de Lara

Les Choix de Lara est un récit à plusieurs voix. Celle de Janet, une Américaine sur les traces du passé de sa mère peintre décédée, Lara Smith, celle du journal d’un écrivain, Giuseppe Messina, ancien amant de Lara, celle d’un narrateur qui met en perspective la figure de Medhi, immigré tunisien travaillant sur les chantiers navals de Toulon. Le brouillon d’une lettre de rupture écrite par sa mère amène Janet en France et la lance dans une enquête sur ces trois personnes. Petit à petit se dessinent les traits d’une histoire commune – au lendemain de la Guerre d’Algérie et sur fond de bouillonnement social et artistique des années 60 – où la passion amoureuse s’est confrontée aux préjugés.

Renata Ada-Ruata a émigré en France en 1951, son père était tailleur de pierre.  Elle a fait ses études à Paris, y a travaillé et vécu. Après avoir passé plusieurs années à l’étranger, elle vit à présent entre la France et l’Italie. Les choix de Lara est son sixième roman publié. Son premier roman, Elle voulait voir la mer... Prix Populiste 1986, réédité en 2018 par les éditions Maurice Nadeau, a été adapté pour France Culture. En janvier 2019 l’éditeur italien, La Memoria del Mondo, a fait paraître Progetti Spaesati, un coffret contenant poèmes, dessins et aquarelles. 

Extrait

Extrait 1 (Janet)

« Dans la bibliothèque de ma mère, j’ai découvert un roman de Jo Jordan dédicacé : « Jo Jordan, Beppe pour les intimes ». J’ai emporté le livre dans ma chambre. Ça parlait de rencontres qui avaient lieu dans des villes sales aux murs blancs. Le soleil frappait sans répit, les soirées étaient moites, les rencontres nocturnes ponctuées de jazz et d’alcool. Le langage cru parfois ordurier utilisé par l’auteur pour parler de l’amour voulait déranger le lecteur, du moins il me semblait. Malgré le pseudonyme à consonance anglo-saxonne, le roman avait été écrit en français et publié en France. À côté de ce roman s’en trouvaient plusieurs autres, ceux-là sans dédicace. Certains étaient des traductions américaines.

Lorsque je suis retournée dans mon université, j’ai cherché à savoir qui était cet auteur. J’ai appris que Jo Jordan était le pseudonyme de Giuseppe Messina, que Jo Messina était saxophoniste, Joseph Messin journaliste. Des variations sur une seule et même personne. L’homme était né en 1928 à Tunis de parents italiens, il avait commencé sa carrière de journaliste avec quelques articles parus d’abord en Tunisie puis en France. Sur la Côte d’Azur, en 1961, il avait rencontré Ray Ventura et l’orchestre Caravelli. Son dernier roman datait de moins de quatre ans. On ne disait pas s’il était encore vivant mais je le supposai. À partir de ce moment, je sus que je voulais rencontrer cet écrivain. Découvrir ce Giuseppe, ce Beppe, que ma mère avait connu et aimé. »

 

Extrait 2 (Jo Jordan)

« Dans ces années-là, j’ai publié mon premier roman Rage, je l’ai signé Jo Jordan. Un nom anglais pour un auteur français né de parents italiens à Tunis. Un beau mélange ! Je fréquentais des étudiants, des artistes, j’affabulais. 

Avec Lara et les autres, j’allais voir les films de Bergman, nous nous retrouvions dans de petits bistrots enfumés à débattre du monde avec des éclats de voix et des rires, nous allions écouter du jazz jusque tard dans la nuit. Certains soirs sur la plage, je jouais de la guitare et Lara chantait Joan Baez ou Bob Dylan. »

 

 

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