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Alexis Gloaguen

Écrits de nature, tome 3, Atlantique Nord

« Le mystère tient à la naissance du texte. Celui-ci émane d’un court-circuit et se révèle un dérangement de la réalité : non pas une traduction, mais une manière de la faire brûler sous le catalyseur des mots. L’écrivain devient pilote d’une réaction qui le dépasse, mais que sa curiosité et son attrait pour le risque l’amènent à guider en respectant son alchimie.

Les textes de ce tome III des Écrits de nature sont entièrement consacrés à Saint-Pierre et Miquelon, à Terre-Neuve et au Labrador. Ce sont des immersions dans l’atmosphère de ces régions de l’Atlantique Nord. Immensités désertes et austères, elles ont, dans leurs couleurs, dans leur lumière – et en hiver surtout – une qualité onirique. Elles sont peuplés d’animaux – dont certains de grande taille – qui nous font tout autant rêver et que j’ai pu approcher avec émotion en pleine nature, afin de les décrire.

Jean-Pierre Delapré, à partir de ses carnets de dessins ou d’illustrations réalisées tout exprès, se tient cette fois encore au plus près du mystère des oiseaux, sans rien lâcher d’une précision et d’une justesse qui n’adviennent qu’après des milliers d’heures d’observation. Il s’est également attaché, dans ce volume, à la flore subarctique, si particulière, et à des paysages totalement dépouillés qui enflamment d’autant plus l’imagination. »

Alexis Gloaguen

Alexis Gloaguen est un écrivain et philosophe breton. Il a passé son enfance en Nouvelle Calédonie, avant d’enseigner la philosophie jusqu’en 1992, année de son départ à Saint-Pierre et Miquelon où il va diriger le nouvel institut de langue française tourné vers le continent américain. De retour 18 ans plus tard, il se consacre désormais à l’écriture. Après Les Veuves de verre, La Chambre de veille et Digues de ciel, tous publiés aux Éditions Maurice Nadeau, les recueils des Écrits de nature rassemblent en trois volumes des textes composés depuis 1978 à nos jours. 

978-2-86231-283-5   25 €

Illustration de couverture : Macareux moine, s’apprêtant à nourrir ses petits d’une provende de lançons. Dessin réalisé d’après nature par Jean-Pierre Delapré.

Extrait

Regards Ouest

Un filet de lune accroche le ciel incolore de Red Bay. La base des nuages est irriguée de lymphe et comme d’un afflux de sang. Au creux d’un morne, un petit lac s’étend, baïonnette d’ardoise sous l’aube éventrée. 

Pour échapper au vent du Labrador, qui arrive avec des allures de noyade, je me suis assis près de la porte du hangar de l’aviation. Coque de bois rouge au bord de la piste en terre battue, il s’entoure d’un tapis de ciment et d’une réserve de gazoline. Il ouvre sur ce paysage éthéré comme sur une intimation au silence. Les rares avions doivent surgir de cette parenthèse de miracle, renaître de cette nudité qu’ébrèche la lune en incisive de castor.

Près de moi, rangées dans un carton, des bouteilles de bière à l’effigie du cheval noir furent vidées à l’issue de la nuit. La manche à air claque en drapeau, bruit de hasard dans cet univers de secret. Derrière, l’obscurité s’évapore lentement.

Et là, tout froid dans la violence du jour brûlé à blanc, je me retrouve au monde : étranger peut-être, mais amoureux des horizons.

Au monde et en soif de tout nommer, de trouver les mots qui cerneront ce pays de lichens entre l’ombre et la parole de l’aube. Comment croire l’éclairer par l’écrit, alors que, même en pleine lumière, tout reste gelé en pulpe de secret ?

Le soleil sort de la nuit comme une dynamo pour les yeux, une grenade à croisillons d’esprit, un feu pâle qui nous hale hors du sommeil, irradiés, et nous donne l’illusion d’être lucides. 

La parenté de la platebière – ou mûre de l’Arctique – avec le ciel du Labrador est une évidence : même rougeur de soleil au déclin lorsqu’elle n’est pas mûre, même liqueur de ciel pâli lorsqu’enfin elle s’abandonne à l’épanouissement du soir. Dans la maturité, elle est sillage d’amertume, avec à l’ombre de ses graines un spectre de sucre.

Elle retient l’histoire des hommes dans son élixir de vitamines et leur permit de vivre ici depuis l’ère glaciaire. La culture des Indiens Maritimes archaïques fut celle du phoque et de la platebière. Les Micmacs, les Béothuks, les Montagnais et les Naskapis – regroupés sous le terme d’Algonquins même s’ils étaient souvent ennemis et ne se comprenaient pas d’une langue à l’autre – lui durent beaucoup lorsque, délogés par les Inuits, ils suivirent le caribou sur le désert des hauteurs. Les Paléo-Esquimaux, les Esquimaux Dorset et, depuis mille ans, les Inuits eux-mêmes, plus agressifs dans leurs actes et mangeurs de chair, jamais ne négligèrent « l’orange du Labrador » durant cette courte embellie qui unit août et septembre. Au dix-septième siècle, les baleiniers basques lui durent leur salut contre le scorbut, même s’ils étaient là de façon temporaire.

En un tournemain, ils provoquèrent le déclin de la baleine franche en la décimant lors de sa remontée printanière du détroit de Belle Isle. Il leur arrivait, sur la fin des cinquante ans qu’ils passèrent à Red Bay, d’attendre pour emplir leurs barils cette proie d’octobre, encore abondante : la baleine boréale qui fuyait le pôle en hiver. La platebière alors était leur médecine céleste et compensait discrètement la rigueur, voire le dérèglement, de leurs vies. Dans la mystique des Indiens sans doute, dont l’art s’enracine aux tréfonds, et peut-être dans l’esprit des pêcheurs, la saveur du fruit renfermait cet univers de rocs et de lichens. Elle éclairait « cette terre que Dieu donna à Caïn », selon le mot de Jacques Cartier que rebutait la côte nord du Saint-Laurent.

Rarement le ciel sera tombé ainsi en fragments sur la terre, parmi les feuilles rouges d’un automne précoce qui rampe entre les rochers et les herbes charnues, nées des vertèbres de cétacés. C’est là un monde rageant sa joie brève avant que l’hiver ne reprenne tout de neige et de glace, n’enserre la baie en banquise et ne confisque les îles, rendant le phare inutile.

Des groseilliers portant rubis dans la lumière oscillent sur la dune de l’anse Amour. Le vent peigne les graminées qui jaillissent d’un disque de galets sur le sable. La courbe des pierres forme carapace de tortue sur le cœur des origines. 

C’est le plus ancien tumulus d’Amérique du Nord, celui d’un jeune Indien de la tradition Maritime Archaïque, mis en terre il y a huit mille ans.

L’enfant fut placé à deux mètres de profondeur, sous plusieurs couches de gravier. Du sable fin l’isolait dans la douceur.

Les objets trouvés autour de lui – têtes de lances, harpons à phoques, pierres à peinture et sifflets pour l’au-delà – témoignent d’une culture aujourd’hui disparue. Ils accompagnaient la transhumance vers l’autre rive de la vie. D’autres morses, en symétrie de celui dont il gardait une défense, l’y attendaient. Il allait parcourir la continuité d’un monde où il avait déjà, à douze ans, éprouvé une éternité de joies et de peines. 

Le corps fut enduit d’ocre rouge, enveloppé de peaux et d’écorces de bouleau. Ainsi, irrigué de couleurs et de l’alchimie du sang, il fut allongé sur le ventre, regard tourné vers l’ouest. Circonstance unique, une pierre fut placée sur son dos pour le maintenir. Des feux l’auréolèrent, des viandes furent cuites légèrement. La cérémonie s’écrivit dans le charbon de bois et il fut enseveli dans un duvet de sable. Puis son peuple répartit cette mosaïque de cailloux, aujourd’hui tavelés de lichens.

On s’interroge sur le jeune âge de celui qui mérita ce travail et la fusion de l’ocre rouge. Ailleurs, les sépultures sont celles d’adultes de premier rang. Le talus de l’anse Amour exalte le mystère d’un enfant-dieu dont le regard fut remplacé par ces facettes de pierre sous les étoiles. 

Pourquoi ces directions, pourquoi ce pavé sur la colonne vertébrale, sinon pour le tenir au sol comme une aiguille aimantée ? Les cris des corbeaux qui volent sur la baie, biseautés par le vent, célèbrent la même ardeur.

Prolongé de miroirs, il aurait pu saisir le chevalier à pattes jaunes esquissant son hochement d’inquiétude contre les rayures de tigre, noires et roses, de la mer.

Il aurait pu voir les gravelots, les tournepierres et les bécasseaux minuscules passer en ombres griffées d’alarme et se poser dans la nuit des eaux basses. Il aurait pu les deviner dans les anses les plus calmes, penchés sur les reflets de la dernière lueur d’ouest.

Pour lui, chaque soir, le soleil aurait mordu sur la courbe de la montagne, hésité sur la pente à suivre, avant de s’évanouir sous l’horizon. Des hauteurs ferment les baies du Labrador comme des pinces de crabes des neiges.

Il aurait pu sentir de longues pulsions sous la peau du sol, émanant, en nuées, du vieux bouclier. Les Indiens Maritimes suivaient la régression des glaciers, habitaient un monde qui se soulevait et respirait. Cet adolescent des côtes, pour qui la mer était jardin, pressentait l’intérieur des terres comme la vraie donnée de l’infini.

Sous le vent couve la chaleur.

Les baleiniers basques de l’île Saddle, dont on retrouva un cimetière de cent trente-cinq squelettes, furent aussi enterrés à l’indienne. Tête au nord, regards ouest, ils s’étaient détournés du pays natal : anciennes provinces au sud-est de la mémoire. Ils avaient été changés par les veilles qu’ils tenaient depuis les hauteurs de l’île pour couper la route des baleines, polarisée du nord au sud.

Ils sautaient dans leurs chaloupes, menaient des escarmouches pour harponner ces rêveries flottantes qu’ils halaient à grand-peine jusqu’aux digues de dépeçage. Encore ne revenaient-ils pas toujours vers la terre et vers la fin du jour. 

La plupart des sépultures sont restées marquées des trois pierres qui les signalaient au sol et peut-être les protégeaient. L’une d’entre elles, située hors du cimetière, déroge à l’unanimité du regard. Lors d’une triple inhumation, si deux crânes furent tournés vers l’occident, le troisième est le seul de la géographie du Labrador à contempler l’est pour l’éternité.

D’autres corps sont pures silhouettes. Situés en des creux de tourbières où fleurit l’iris nain, ils ont été dissous par l’eau dont l’action différenciée a préservé les vêtements. Ne subsiste que la lisibilité de la barbe et des ongles. Leur exil est évoqué par certains objets : une croix imprimée sur la trace d’un fantôme, un fin poignard, des clés de fer. Outre le rejet vers les marges, ces tombes furent creusées davantage et tenues en sûreté. 

Plus récentes sont les fosses collectives où ne s’expriment que désordres et fins de l’histoire. Au soir du seizième siècle les baleines devenaient rares, impliquaient un risque plus grand. Des glaces bloquaient parfois les bateaux sur le point d’appareiller, contraignaient à l’hivernage et à son sillage de scorbut au printemps. Les sept équipiers d’une chaloupe retournée lors d’un harponnage ne furent pas séparés. Des sépultures contiennent pêle-mêle les accidentés d’une fin de saison : le bateau avait dû lever l’ancre à la hâte, les pièges de glace pouvaient se refermer au jour près. Douze hommes restèrent allongés dans l’une des maisons de bois et de fanons, rencognés près des lieux de vigie. Ils ne furent pas enterrés au printemps suivant : une guerre allait éclater entre l’Espagne et l’Angleterre, et couperait pour toujours cette route vers le nord-ouest et sa pureté d’enfer.

Les corps s’enfoncèrent, les structures des abris se répandirent, les graminées et les cornouillers rougets vinrent les englober. Depuis le ciel, les goélands cassèrent les tests d’oursins et les coquillages qui, exposés au vent, restèrent plus blancs que les squelettes et les signalent comme un autre étage du règne de la mort.

Cette orientation des regards vers l’ouest – que seuls des cas d’espèces, des catastrophes ou le gel du sol empêchaient – livre une clé de la transformation poétique. Il n’y avait là aucun effet du dogme ou de la culture : les origines des baleiniers, leurs familles et leur religion étaient ancrées loin à l’est. Ils se découvraient étrangers à eux-mêmes, décalés par cet esprit du Labrador auquel rien ne prépare.

Les stations côtières tournaient autour des fondoirs et des tonnelleries. Des Indiens, qui avaient établi là leurs postes de chasse au phoque, assistaient les pêcheurs et ajoutaient leurs abris. Ils n’étaient qu’une autre catégorie, collaborant à l’ensemble, et savaient un peu de basque. Les Européens se rapprochèrent des Autochtones et repoussèrent avec eux les raids sanglants des Inuits. Ensemble, ils recevaient l’aurore du soleil couchant.

Le regard vers l’ouest était celui qui, des côtes de France ou d’Espagne, les avait menés vers l’idéal. Certes, leur séjour était presque toujours trop bref pour qu’ils se détachent de leurs amours et de leurs biens. Certes, ils vivaient dans l’esprit d’une entreprise industrielle. Mais une altération se glissait parmi les nuées de mouches noires et dans le duel avec les glaces. Corps et âme, ils se modifiaient sous l’effet d’autres nourritures. Leur christianisme, vécu à distance et dans la nature aveuglante, voyait remonter ses éléments païens.

L’accroissement des richesses matérielles masquait mal un accroissement de la vue. Séparés, certains devaient se faire exorciser, lors du retour au pays. Une page du regard était tournée, un horizon autre découvert.

La vigie de Saddle Island s’ouvre sur l’océan qui enserre Terre-Neuve par le nord. Passage obligé des baleines noires et boréales, il voit aujourd’hui défiler les jubartes et les rorquals qui, à cette époque, n’étaient pas chassés, les seconds étant trop rapides et les premières de moins bonne prise que les « franches » dont le nom anglais – right whale – dit davantage encore qu’elles sont celles qu’il faut.

Aujourd’hui le vent est tel que les goélands mènent leur vol en arrière et vers le haut, capturant l’air dans leurs ailes tendues en fanons.

Les baleiniers et harponneurs, qui se distinguaient des tonneliers – mieux considérés – et des bouilleurs d’huile, vivaient dans des abris qui, à partir d’un creux, prenaient appui sur une paroi de gneiss et la prolongeaient. Ces huttes s’élevaient en structures de bois et de toile, renforcées de lames cornées. Elles s’articulaient en étranges maisons organiques et recréaient des bouches de cétacés, armatures au sol et ossatures filtrantes où s’abritaient des rêves de Jonas, rendant hommage à ce qui les faisait vivre. 

Les creux étaient favorisés quand sur le seuil montait une langue de pierre. L’ensemble prenait allure de berceau ou de palais de fanons.Sur le sol du belvédère rampent des saules nains à l’écorce de cire, ainsi que des plantes charnues aux lucidités de soleil mourant. L’habitat ancien s’est effondré. Rallumé par les siècles, il vit comme une chair échouée. Les foyers des fondoirs sont disposés au sol comme une série de trous orbitaux. 

Sous l’eau, non loin des docks et des fours de l’île Saddle, reposaient les ailerons et les queues de baleines. Après dissolution des cuirs et des tissus dans la vase, elles s’allongeaient comme des mains démantelées, sous l’eau verte et les vitraux de glace. Bientôt il y en eut tellement qu’on les ajouta aux vertèbres, aux côtes en arceaux et aux mandibules pour les transporter en pinasses, hors de portée des narines, jusqu’à la « baie des Ossements ».

Des plongeurs rapportèrent les trente et un os de l’un de ces battoirs géants qui, débarrassés de leur masque de nageoires, évoquent la main humaine, au point de nous saisir d’un trouble et de faire éclore un remords. Cinq doigts : un pouce court, un majeur et les trois autres de taille intermédiaire. Ils dessinent un triangle rectangle isocèle, la base de l’aileron étant équivalente au bord arrière.

Courtes et râblées comme des gouvernails de dirigeables, les nageoires permettent l’équilibre. La queue, de peu supérieure en surface aux ailerons réunis, assure l’essentiel de la propulsion. Mais l’allure de croisière de la baleine franche devait tenir de la lenteur d’un rêve. On était loin de la vitesse féline des rorquals et de l’immensité pectorale des mégaptères. De fait, l’absence d’aileron dorsal séparait de loin les « bonnes baleines » – ces gros cerneaux d’huile et de chair — de celles qu’aucune chaloupe n’aurait espéré suivre, une fois blessées.

Malgré leur faible envergure, on coupait queue et ailerons pour pouvoir rouler l’animal dans l’eau peu profonde où il flottait et l’amarrer aux quais de bois. Les trancheurs découpaient le lard en longs rubans de chair. Des palans assuraient le transfert jusqu’aux établis situés près des fondoirs. Les couteaux en forme de machettes les réduisaient en cubes et c’était sur les nageoires elles-mêmes, protégeant le bois, que l’on éminçait. Lardées de coups, elles servaient de sous-main et l’on jetait tranche après tranche dans des marmites de cuivre tenues à feu constant sur l’alignement des foyers. Le lard se transformait en graisse mordorée, d’autres bassines accueillaient ce fluide raffiné, enfin jeté dans un bac à eau où l’huile pure flottait avant d’être mise en barriques. Les déchets des cuves alimentaient un feu où ils brûlaient mieux que le bois lui-même. L’animal participait à sa propre fonte, victime de ses qualités.

L’huile, qui allait éclairer toute l’Europe, illuminait ces lieux où l’on travaillait jour et nuit. On voit encore traîner les restes des palettes qui nettoyaient les tables à découper. Çà et là, des ossements portent trace de hachoirs. Dès la fin du seizième siècle, on savait que ces mains gigantesques avaient rallié un destin : elles n’avaient nagé que vers l’extinction.

Les baleines franches au printemps, les boréales à l’automne s’attardaient dans le détroit de Belle Isle. Chaque espèce y passait deux mois. Après le siècle des Basques, elles tombèrent dans une mélancolie génétique et se désintéressèrent – la baleine franche surtout et, plus tard, le rorqual bleu – de se reproduire. Elles étaient trop rares, se rencontraient trop peu, dans un océan trop vide pour que naisse le désir. Ces animaux furent pourtant sauvés par la sagesse de leur méditation flottante. Ils continuèrent à élever leurs baleineaux tous les deux ans. Et surtout ils ne fréquentèrent plus les eaux du Labrador. La Boréale se tint en hiver aux lisières de l’Arctique. La Franche, allant vers le nord, s’arrêta dans le golfe du Maine ou la baie de Fundy, en Nouvelle-Écosse. Les chaudrons de Red Bay furent chaudrons de stabilité, sinon de renaissance.

 

En savoir plus...

Voir l'article d'Alain Roussel

"Écrits de nature : La jubilation de vivre" 

in : https://www.unidivers.fr/ecrits-de-nature-alexis-gloaguen/

Extrait : De formation philosophique, il mène tout au long de ses écrits une réflexion sur la vie, qu’elle soit végétale, animale ou humaine. Mais c’est dans « L’heure bleue » qu’il révèle le fondement qui fait l’unité de toute sa démarche : la poésie. Si la description, art dans lequel il excelle, est « une forme d’amour et de vie », il sait qu’elle n’est possible, avec toute sa justesse, que dans ce lieu en soi où crépite l’expression, dans « la chair même de l’idée ». S’il cherche ainsi à se fondre dans le territoire qu’il explore, c’est en définitive pour mieux s’immerger dans les mots

"Sang d’encre" par Serge Steyer

Alexis Gloaguen est un funambule de la parole et de l’écriture, une pensée en marche qui semble tâtonner mais qui fait mouche, dans le texte. Il s’est intéressé aux villes mais la publication chez Nadeau de ses Écrits de nature nous ramène sur le pan majeur de son œuvre, écrite sur le motif, dans laquelle il entre en nature, épouse la condition animale. Il ne se limite cependant pas à l’immersion physique, il se documente, nourrissant son observation de données scientifiques qui lui permettent de comprendre mieux encore ce qui se passe dans le monde sauvage.
Et ce faisant, il participe à la grande clameur des hommes qui se font un sang d’encre.

à voir aussi :
 

Poète migrateur

par Ségolène de Maupeou (2018 - 8'40)

https://www.kubweb.media/page/alexis-gloaguen-ecrits-nature-editions-nadeau/

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« Le mystère tient à la naissance du texte. Celui-ci émane d’un court-circuit et se révèle un dérangement de la réalité : non pas une traduction, mais une manière de la faire brûler sous le catalyseur des mots. L’écrivain devient pilote d’une réaction qui le dépasse, mais que sa curiosité et son attrait pour le risque l’amènent à guider en respectant son alchimie.

Les textes de ce tome?III des Écrits de nature sont entièrement consacrés à Saint-Pierre et Miquelon, à Terre-Neuve et au Labrador. Ce sont des immersions dans l’atmosphère de ces régions de l’Atlantique Nord. Immensités désertes et austères, elles ont, dans leurs couleurs, dans leur lumière – et en hiver surtout – une qualité onirique. Elles sont peuplées d’animaux – dont certains de grande taille – qui nous font tout autant rêver et que j’ai pu approcher avec émotion en pleine nature, afin de les décrire.

Jean-Pierre Delapré, à partir de ses carnets de dessins ou d’illustrations réalisées tout exprès, se tient cette fois encore au plus près du mystère des oiseaux, sans rien lâcher d’une précision et d’une justesse qui n’adviennent qu’après des milliers d’heures d’observation. Il s’est également attaché, dans ce volume, à la flore subarctique, si particulière, et à des paysages totalement dépouillés qui enflamment d’autant plus l’imagination. »

Alexis Gloaguen

Alexis Gloaguen est un écrivain et philosophe breton. Il a passé son enfance en Nouvelle-Calédonie, avant d’enseigner la philosophie jusqu’en 1992, année de son départ à Saint-Pierre et Miquelon où il va diriger le nouvel institut de langue française tourné vers le continent américain. De retour 18 ans plus tard, il se consacre désormais à l’écriture. Après Les Veuves de verre, La Chambre de veille et Digues de ciel, tous publiés aux Éditions Maurice Nadeau, les recueils des Écrits de nature rassemblent en trois volumes des textes composés depuis 1978 à nos jours.